• Biais: prévenir plutôt que guérir

    Nos stéréotypes nous aident à catégoriser et à comprendre le monde qui nous entoure; mais ils peuvent aussi biaiser, négativement, nos décisions. Pouvons-nous nous guérir de nos biais? 

    Rôle des biais

    Selon une étude sur les stéréotypes de l’Université Harvard les humains ont appris à tout ’catégoriser’ pour faire face au bombardement d’informations qui nous assaille à tous les jours. Cela nous permet de saisir rapidement les différences significatives entre certains groupes (serpent = dangereux; ver de terre = inoffensif) et de mettre le reste de côté. Le stéréotypage est donc une sorte ‘raccourci mental’ qui libère nos ressources cognitives pour les choses importantes. De fait cette capacité s’est avérée essentielle pour la race humaine, nous aidant à éviter les situations dangereuses. Selon le professeur de psychologie Mahzarin Banaii de l’université Yale: « Notre habilité à catégoriser et évaluer est une partie importante de l’intelligence humaine, sans laquelle nous ne pourrions survivre ».

    Les dangers

    Est-ce un processus efficace? Peut-être! Sûrement quand on décide si, oui ou non, on va taquiner ce serpent dans notre jardin. Mais nos stéréotypes peuvent aussi être inexacts, de façon persistante. Selon John Bargh du New York University, la recherche a démontré que nous sommes prédisposés à nous concentrer sur les différences qui confirment nos stéréotypes préexistants, ce qui nous entraine dans un cycle où l’on ne reconnait que ce que l’on pense déjà vrai et où on ignore tout le reste (ce que le psychologue Peter Wason a appelé le ‘bais de confirmation’).

    Nonobstant toute considération morale et sociale, les biais créent une barrière pour toute entreprise qui veut innover. Non seulement cela présente en problème en termes de capacité à penser différemment, créativement, ‘hors de la boite », mais aussi en termes discrimination. Le résulta peut être un environnement peu ouvert aux idées alternatives, où les idées innovatives ne sont pas entendues.

    Prévenir plutôt que guérir

    Plusieurs organisations se sont tournées vers des programmes de sensibilisation à la diversitéj pour contrer ce problème, mais cela s’est avéré peu efficace. Selon Iris Bohnet, directrice du Harvard Kennedy School’s Women and Public Policy Program: « Pour que leurs croyances changent il faut d’abord que les expériences des gens changent ».Plutôt que des séminaires elle propose plutôt aux entreprises de “redesigner leurs processus de façon à éviter les biais à la source ».

    Mais comment saper cette mauvais habitude? On ne peut pas s’empêcher d’avoir des biais; cela fait partie intégrale du câblage cérébral humain. La réponse ne consiste donc pas à essayer de les éliminer, mais plutôt à changer nos processus de collaboration et de communication afin de prévenir leur apparition.

    Plusieurs moyens simples sont possibles:

     · impliquer des gens avec des expériences différentes;

    · demander des alternatives différentes (même mettre des groupes en compétition à cet égard);

    · créer une ambiance où l’expression de divergences et les désaccords sont acceptés, où la présence de biais est reconnue;

    · s’assurer que les objectifs et les critères de décision sont reconnus et partagés;

    · favoriser les processus basés sur les faits et l’analyse rationnelle et non émotionnelle;

    · éviter le biais d’ancrage (en introduisant des données numériques trop tôt;

    · utiliser un ‘avocat du diable’ pour challenger un consensus trop vite atteint, etc.

    La technologie peut aussi aider. Des applications permettent par exemple de faire des choix de candidats à l’aveugle, i.e. en ne rendant évident que le talent et en gardant anonymes les données sur l’âge, le sexe, le statut socio-économique, etc.  (certains orchestres symphoniques utilisent cette approche déjà).

    En neutralisant nos biais on peut briser le lien entre nos réactions purement instinctives et nos actions et, ainsi, libérer des talents latents. Un tel changement fondamental dans le fonctionnement de nos entreprises leur permettrait d’accéder à des processus décisionnels plus profonds et multi-dimensionnels et de tirer les pleins bénéfices de la diversité.

     BONNE SAISON DES FÊTES!

     

     

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