• L'importance du contexte

    Avez-vous déjà remarqué que nous avons souvent tendance à raisonner en termes absolus?

    Cette tendance à toujours classer catégoriquement les choses comme blanches ou noires est en fait un mode de simplification de notre processus de décision. Il semble que nous héritions de cette manie essentiellement parce que notre cerveau a une capacité de traitement (channel capacity) limitée. 

    Un cerveau qui a des limites

    En partant le cerveau humain est plus apte à traiter certains types d’information que d’autres (la même chose existe chez les animaux). Un exemple:

    » Je vous donne quatre cartes identifiées A, D, 3, 6; toutes les cartes ont une lettre d’un côté et un chiffre au verso;

    » Je vous affirme que seule une carte avec une voyelle a un nombre pair au verso;

    » Quel nombre minimum de carte(s), et la ou lesquelles, devrez-vous tourner pour vérifier mon affirmation?

    La réponse? 2 cartes: A et 3. La plupart trouveront ce test difficile et échoueront (plusieurs diront A seul ou A et 6).

    Supposons maintenant que je vous demande plutôt ceci:

    » Quatre personnes dans un bar: une boit du Coke, une a 16 ans, une boit de la bière et une a 21 ans.

    » Desquelles deux personnes devez-vous vérifier la carte pour vous assurez que la loi est respectée?

    Facile! Celle qui boit de la bière et celle qui a 16 ans. Pourtant il s’agit essentiellement du même problème! Nous traitons juste plus facilement des données concernant des personnes que des données numériques.

    Le cerveau humain a donc des limites inhérentes; de plusieurs natures même:

    » Limites mentales: on connaît bien le fait que les nos de téléphone ont 7 chiffres parce que c’est le nombre le plus long dont on peut se rappeler sans erreur. De la même façon la plupart des gens peuvent différencier jusqu`à 6 différentes tonalités avant de faire des erreurs de classement (idem dans des tests de goût). Si je flashe rapidement un nombre de points noirs sur un écran vous trouverez le bon nombre….jusqu’à 7; après vous commencerez à deviner.

    » Limites émotionnelles: faites la liste des gens dont la mort vous affecterait profondément et vous laisserait vraiment dévasté. Il est probable que votre liste ‘de sympathie’ contienne environ 12 noms; c’est la moyenne de la plupart des gens. Pourquoi pas plus? Parce que ça vous demanderait trop de temps et un investissement émotionnel trop grand.

    Limites sociales: des scientifiques ont tenté de corréler la taille du cerveau de différents primates (plus précisément la taille du néocortex qui se charge des pensées complexes et du raisonnement) avec différentes variables: taille du territoire, type d’alimentation, etc., sans succès. La seule corrélation solide établie a été avec la taille du groupe social. En utilisant la valeur 

     

     

    » pour le cerveau humain dans la formule développée, on trouve un groupe idéal de 147.8. En fouillant la littérature anthropologique et autre on retrouve ce chiffre (150-200) un peu partout: taille moyenne de villages relevée en Australie, au Groenland et à la Terre de Feu (148.4); unité militaire fonctionnelle (200); colonies Huttérites, genre d’Amish (150); taille d’usines (150 chez Alcan par ex).

    OK, so what, me direz-vous? Eh bien ces limitations entraînent chez nous des comportements problématiques, dont un, bien documenté par les psychologues, s’appelle le Fundamental Attribution Error. Le FAE amène les humains, dans leur interprétation du comportement des autres, à systématiquement surestimer l’importance de leurs traits fondamentaux de caractère et à sous-estimer l’impact de leur situation et de leur contexte.

     

    La puissance du contexte 

    Ce comportement est problématique parce que, tout d’abord, ce qu’on pense être des traits caractéristiques fondamentaux des individus ne le sont souvent pas autant qu’on le pense. Par exemple vous avouerez que, si je vous le demande, vous direz que l’honnêteté est  sûrement un trait fondamental d’un individu.

    Et pourtant! Dans les années 20 deux chercheurs new-yorkais ont administrés des douzaines de tests, pendant plusieurs mois, à 11 000 étudiants de 8 à 16 ans, pour mesurer leur honnêteté. Essentiellement on leur donnait un test (e.g. en mathématiques: règles de 3 ou additions multiples; en anglais: compléter des phrases, etc.); ensuite on les corrigeait et on leur donnait leur score. Le lendemain on leur donnait un test semblable mais avec une grille d’autocorrection, ou à faire à la maison. On comparait ensuite les deux scores….et le degré de tricherie. Au départ pas de surprise: les plus forts trichaient un peu moins, les filles autant que les gars, les plus vieux un peu plus, etc. Mais la surprise c’est qu’il n’y avait pas de groupe clairement délimité d’étudiants honnêtes ou malhonnêtes. Ceux qui trichaient en anglais pouvaient ne pas tricher en mathématiques, ou ne pas tricher dans le même test administré six mois plus tard; ceux qui trichaient à la maison pouvaient ne pas tricher en classe, etc. L’honnêteté, un trait fondamental.? Pas tant que ça, semble-t-il!

    Et pourtant, nous nous obstinons à voir les gens en blanc et noir: ils sont honnêtes ou pas, compétents ou peu, dynamiques ou amorphes, motivés ou non, etc. Or il semble plutôt que le comportement des humains dépend, et pour beaucoup, du contexte dans lequel ils sont placés, à un instant donné.

    Autres exemples édifiants et des conclusion pour nous, en tant que gestionnaires, consultants….et simples humains, dans le prochain numéro. 

    Convitec Conseil en management inc. au service de l’industrie québécoise depuis 5 ans. 

     Source:  The Tipping Point Malcolm Gladwell Back Bay Books / Little, Brown and Company, 2000 

     

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