• TI et productivité

    Lors d’un dîner conférence tenu à Montréal en décembre dernier, sous l’égide du CEFRIO, Erik Brynjolfsson, professeur au Center for eBusiness du MIT Sloan School et fellow Marvin Bower du Harvard Business School, exposait les résultats de ses recherches (auprès de plus de 1100 entreprises américaines, pendant plus de 10 ans) sur le lien entre les investissements en technologies de l’information (TI) et la productivité.

    Pendant longtemps ce lien a été un paradoxe (voir la citation de l’économiste Bob Solow sous l’image). Ainsi de 1974 à 1995 la productivité de la main d’œuvre américaine ne s’est accrue que de 1.4% par an en moyenne et cela malgré des investissements très importants et croissants dans les TI.

    « We see the computer age everywhere except in the productivity statistics » Bob Solow, MIT, 1987 

    La situation a commencé à changer entre 1996 et 2000; le taux d’accroissement de la productivité s’est gonflé de plus de 80% pour dépasser les 2.5% par an. Effet temporaire de la fuite devant le « bug de l’an 2000 »? Et bien non; car, entre 2001 et 2003 (en pleine récession), la productivité s’est accrue de 4.2% par an (un autre saut de 60%). Enfin des résultats!

    Une corrélation positive

    Les études détaillées de M. Brynjolfsson lui permettent d’aller au-delà des anecdotes et de documenter de façon probante qu’il existe un lien entre le niveau d’investissement en TI et la productivité.

    Fig. 1— Les données démontrent une corrélation positive entre l’investissement en TI et la productivité 

    Et, bonne nouvelle (j’entends déjà les sceptiques grogner), la corrélation est positive: oui un investissement en TI supérieur à la moyenne est positivement corrélé avec un taux supérieur d’augmentation de la productivité (voir fig. 1).

    Mais pas pour tous!

    Ce qui est intriguant cependant dans ces données c’est l’écart important qu’on note pour diverses firmes au même niveau d’investissement (i.e. une tranche verticale dans la fig. 1).

    Clairement d’autres facteurs sont en jeu. Quoi? L’investissement en capital organisationnel de ces firmes. C’est l’ingrédient qui explique la majeure partie des écarts.

     

    Le rôle du capital organisationnel

    Qu’entend-t-on par capital organisationnel? Tous les investissements dans les actifs intangibles de l’entreprise, en particulier le savoir, les façons de faire, les pratiques organisationnelles. Dans une économie du savoir ce capital est crucial et constitue souvent l’actif clé différentiateur d’une entreprise. De plus dans un projet de nature technologique il représente la partie la plus importante de l’investissement:

    Ainsi un projet ERP typique dans une grande entreprise (1000 usagers réguliers et 2000 occasionnels) peut demander un investissement de 20M$, dont seulement 1/5 sera consacré aux éléments tangibles (moins de 1M$ en quincaillerie et un peu plus de 3M$ en logiciels et licences), le reste allant à la réingénierie, à l’implantation et au déploiement. 

    Les recherches de M. Brynjolfsson l’ont donc amené à définir le concept de l’entreprise digitale: un type d’entreprise, utilisant fortement l’Internet et les ordinateurs, et possédant une culture corporative et des pratiques organisationnelles distinctives. Quelles pratiques? 7 principalement:

    » processus digitaux; 

    » décentralisation des décisions; 

    » libre accès à l’information; 

    » liens entre bonis et performance; 

    » communication centrée sur les objectifs; 

    » engagement des meilleurs; 

    » et leur développement continu. 

    En quoi ce concept est-il important? En fait, les recherches ont démontré qu’une corrélation positive existait aussi entre la productivité (et la valeur marchande) et le degré auquel une entreprise adopte le modèle d’entreprise digitale.

    La recette du succès

    Voici maintenant le résultat clé de toutes ces recherches: les firmes qui adoptent plus le modèle d’entreprise digitale et, simultanément, investissent plus en TI atteignent des niveaux de performance démesurément plus élevés (voir fig. 2).

    Fig. 2 L’investissement en capital organisationnel doit accompagner l’investissement en TI pour des résultats supérieurs.

    La performance dépend donc des investissements en capital TI et en capital organisationnel. Pourquoi plus de firmes ne réussissent-elles pas à cet égard? Parce que le tout forme un système cohérent et intégré; il faut implanter avec succès la technologie et  toutes les pratiques organisationnelles énoncées précédemment, ce qui n’est pas un mince défi, avouons le.

     

    Source:  Tiré de la conférence The Digital Organization How IT Drives Productivity par Erik Brynjolfsson Décembre 2005

     

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